FORUM CRITIQUE
DU KALACHAKRA
“Kalachakra” (sanskrit) signifie “roue du temps”
et est aussi le nom du dieu du temps tibétain le plus puissant. Le tantra
du Kalachakra est considéré comme étant le
plus récent des textes révélés (10e siècle) et est considéré par
les lamas comme étant l’apogée de tous les systèmes bouddhistes.
Depuis plus de 25 ans, des centaines de milliers de personnes ont reçu
une consécration à travers le tantra du Kalachakra
par le 14e Dalaï-lama. Parmi elles, on compte de nombreux
Indiens ne savant ni lire ni écrire. Mais également en occident, les
participants et participantes “instruit(e)s” savent à peine quel est
l’enjeu réel de ce rite car en marge des éléments connus par le public il
contient une partie gardée sévèrement secrète. Seules, les sept premières
étapes de l’initiation sont publiées ouvertement par le 14e
Dalaï-lama ; les huit étapes supérieures restent top-secrètes.
Aucun prospectus, aucune brochure ou annonce, pas plus que les
nombreuses déclarations du 14e Dalaï-lama lui-même ne parlent
des rituels secrets pratiqués au cours de ces huit dernières étapes. Pour
le public, le tantra du Kalachakra
apparaît comme une contribution à la paix mondiale digne et exaltante pour
l’esprit ("Kalachakra for World Peace") et stimulant la compassion envers tout
être vivant, le dialogue inter-religieux, la tolérance
entre les peuples et les races, une prise de conscience écologique,
l’égalité des sexes, la paix des cœurs, l’épanouissement de l’âme et le
bonheur suprême pour le troisième millénaire. L’ensemble est couronné
par une devise venant
de la bouche du 14e Dalaï-lama: "Because we all share this small
planet earth, we have to learn to live in harmony and peace with each other
and with nature." (Etant donné que nous partageons tous
ensemble cette petite planète, nous devons apprendre à vivre en harmonie et
en paix ensemble et avec la nature). Cette haute initiation tantrique au
très spécifique lamaïsme tibétain est la consécration “d’une rencontre
pour la paix mondiale déterminante pour les cultures et les religions”.
Cependant, le tantra du Kalachakra et le mythe du Shambhala
sont-ils vraiment pacifiques ? Encouragent-ils vraiment une
cohabitation harmonieuse entre les êtres humains ? Contribuent-ils
réellement à la liberté et à la justice, à l’égalité des sexes, à la
tolérance religieuse, à l’entente entre les peuples ? Sont-ils un
apport global politico-humaniste, démocratique et non-violent à la paix
dans le monde ?
Depuis quelques années, le bouddhisme tibétain, l’histoire du lamaïsme,
les conditions de vie parmi les Tibétains en exil et le 14e
Dalaï-lama lui-même se retrouvent sous le feu des critiques qui ne viennent
pourtant pas cette fois-ci du côté chinois. En effet, des historiens
américains remettent en question les louanges portées à l’histoire
tibétaine (Melvin C. Goldstein, A. Tom Grundfeld).
Des tibétologues critiques accusent la tibétologie officielle de manipulations ciblées (Donald
S. Lopez Jr.). Des chercheurs spécialisés dans l’étude du bouddhisme
tibétain examinent l’influence de l’idéologie s’étant développée fortement
à travers le « mythe du Tibet » grâce à l’aide des lamas (Peter
Bishop). Des politiciennes réputées ont dû se rendre à l’évidence après
avoir vu de leurs propres yeux qu’il n’existait pas de “génocide” provoqué
par les Chinois contrairement à ce qu’affirment encore et toujours les
Tibétains en exil (Antje Vollmar,
Mary Robinson). D’anciennes bouddhistes dénoncent, en toute connaissance de
cause, l’oppression et l’abus systématiques et raffinés subis par les
femmes dans le bouddhisme tibétain après l’avoir vécu elles-mêmes ce qui
leur permet de posséder une connaissance profonde de la question (June Campbell). Des psychologues et des psychanalystes
examinent le côté agressif et morbide de la culture lamaïste (Robert A.
Paul, Fokke Sierksma,
Colin Goldner). Depuis 1997, des personnes
appartenant à la suite personnelle du Dalaï-lama ont apporté des preuves
accablantes de l’intolérance, de la superstition et de l’autocratie régnant
au sein du bouddhisme tibétain (affaire Shugden).
L’univers des rites lamaïstes a également rencontré une critique sévère.
Les intentions humanistes, pacifiques, tolérantes et œcuméniques du tantra
du Kalachakra et du mythe du Shambhala sont remises en question par une vaste
étude (Victor et Victoria Trimondi). Des
émissions télévisées allemandes, suisses et autrichiennes ont également
émis de fortes critiques à l’envers du 14e Dalaï-lama et de son
système basé sur la magie (Panorama, 10 nach 10, Treffpunkt Kultur). Lors de
la visite du « prince de l’église » tibétaine à Munich (mai
2000), la décision des « pro- Dalaï-lama » d’inviter le
« roi-dieu » tibétain à une manifestation de grande envergure
provoqua même une division au sein du SPD (parti socialiste allemand) et
partagea l’ensemble de la presse. Les reproches suivants lui furent entre
autres adressés : modèle de pouvoir non démocratique et
autocratique ; oppression de toute opposition politique ;
répression des minorités religieuses ; décisions politiques par
décrets personnels sans dialogue ni discussion ; falsification consciente
de l’histoire du Tibet ; relations non critiquables à ses yeux avec
d’anciens SS et avec des néo-nazis ; diffamation des critiques ;
rites antiféministes. Un aperçu détaillé des critiques se trouvant dans la
presse peut être consulté sous medien.html.
Voici quelques-uns des points abordés par les critiques du tantra du
Kalachakra et du mythe du Shambhala et pouvant être discutés sur le site du
forum critique du Kalachakra :
- Les non-initiés n’ont pas le
droit d’être informés sur les rites secrets du tantra du Kalachakra sous peine de châtiments corporels
et moraux dignes du Moyen-Âge. Celui qui
divulgue ces secrets occultes verra “sa tête et son cœur éclater”
et grillera dans les enfers les plus profonds. Cette manière de
procéder est justifiée par le fait que dans les huit dernières étapes
de l’initiation apparaissent des éléments qui sont contraires aux
valeurs humanistes (Michael Henss – Kalachakra – ein
tibetisches Einweihungsritual
(un rite initiatique tibétain)– Zürich 1985,
46).
- Le tantra du Kalachakra
est tout sauf pacifiste car il prophétise et encourage de façon
idéologique une guerre de religion sanglante entre bouddhistes et
non-bouddhistes pour la domination du monde (mythe du Shambhala).
- Le texte nomme explicitement les
leaders des trois religions monothéistes (le judaïsme, le
christianisme et l’islam) comme étant les adversaires du bouddhisme: “Adam,
Hénoch, Abraham, Moïse, Jésus, celui en habit blanc (Mani), Mohamed
et Mathani (le Mahdi)”. Le tantra
du Kalachakra les décrit comme “la
famille des serpents démoniaques” (Shri-Kalachakra I. 154).
- Ainsi le tantra du Kalachakra se positionne contre toutes les
religions ayant des racines sémites et a été, pour cette raison,
utilisé par des cercles antisémites radicaux de droite pour leur
propagande raciste.
- Le Tantra du Kalachakra jure une guerre totale entre le
monde islamique et le monde non-islamique lors de laquelle les
disciples de Mohamed seront présentés comme les ennemis principaux des
bouddhistes. Dans le texte original, la Mecque est décrite comme la
résidence de « l’idole puissant et impitoyable des
barbares », « l’incarnation du démon » (Shri Kalachakra I. 154). Ainsi d’après l’adversaire
principal du prochain roi du Shambhala, Rudra Chakrin “tourneur courroucé
de la roue”, nous apprenons qu’ils sont également nommés mleccha
ce qui signifie “barbares” mais également “habitants de la Mecque”. Un
autre commentaire du Kalachakra appelle Rudra Chakrin le “meurtrier
des Mlecchas”.
- Sur de longues pages, le tantra
du Kalachakra décrit avec énormément de
détails les puissantes armes meurtrières dont dispose l’armée du Shambhala bouddhiste contre “les ennemis de la
doctrine” (Shri Kalachakra I. 128-142). Les lamas,
commentateurs de ces équipements militaires imaginaires, s’adonnent à
de spectaculaires comparaisons avec des armements du 20e et
21e siècle.
- La conduite de la guerre dans les
batailles du Shambhala ne s’aligne
manifestement pas sur les droits des peuples mais compte d’après le
texte original pour être “impitoyable” et “horrible”. “Les
combattants – bouddhistes – extrêmement brutaux terrasseront et
élimineront les hordes barbares” (Shri Kalachakra I.
163-165).
- Tous les participants à une
initiation au rite du Kalachakra ont le « droit » douteux
de se réincarner en “soldat du Shambhala”
afin de combattre dans la bataille finale annoncée en tant que
fantassin ou officier. Les postes de commandement ont déjà été
assignés aux réincarnations de lamas de haut rang (E. Bernbaum – Le Chemin vers Shambhala
– A la recherche du Merveilleux Royaume dans l’Himalaya – Hambourg
1982, 252, 35).
- D’après une vision du lama
tibétain Kamtrul Rinpoche,
le Dalaï-lama lui-même réincarné conduira, en chef courroucé (Rudra
Chakrin), les armées bouddhistes dans la
bataille du Shambhala afin de prendre le
pouvoir sur “tout le Mal de l’univers”. Les propagandistes du tantra
du Kalachakra défendent un culte
primitif du martyr ressemblant au culte des combattants de la Djihad
musulmane : L’entrée au paradis du Shambhala
est garantie à celui se faisant tuer lors de la guerre du Shambhala (E. Berbaum – Le
Chemin vers Shambhala – A la recherche du
Merveilleux Royaume dans l’Himalaya – Hambourg 1982, 253).
- Le tantra du Kalachakra
encourage à tous les niveaux une façon de penser et d’agir stimulée
par la présentation d’ennemis et la propagation de la guerre entre le
« Bien » et le « Mal », entre les
« croyants » et les « non-croyants » contrairement
à l’enseignement initial du Bouddha originel (Theravada) et des
exigences éthiques du bouddhisme mahayana.
- Le tantra du Kalachakra comprend une politique bouddhocratrique.
Cette politique est encore plus «théocratique» du point de vue des
droits publics que celle suivit par les fondamentalistes musulmans car
le ‘Chakravartin’ (roi du monde) est considéré
comme « l’incarnation » ou « l’émanation » directe
du Bouddha suprême (Adi-Bouddha) et est présenté comme un dieu-homme
en voyage sur la terre alors que le calife n’est que le
« représentant » de dieu (Allah) sur terre et n’a même pas
droit au titre de prophète.
- A la tête de l’état autoritaire
et « bouddhocratrique » du Kalachakra siège sur le “trône du lion”un “roi-prêtre” aux pouvoirs religieux,
politiques, juridiques et militaires absolus (Chakravartin).
La “séparation des pouvoirs civils” est dans cet état une notion
totalement inconnue. Celui qui connaît les droits institutionnels liés
à la position du Dalaï-lama du Tibet traditionnel (jusqu’en 1959) sait
que cette fonction de “roi-dieu” est celle d’un Chakravartin
en miniature. Les réformes, bien que discutables, pour la
démocratie mises en place par le 14e Dalaï-lama parmi les
Tibétains en exil sont réduites à néant par les conséquences
politiques et ‘bouddhocratiques’ découlant
du tantra du Kalachakra.
- La prétention à une domination
mondiale „bouddhocratrique“est une exigence
explicite du tantra du Kalachakra. Là
aussi, nous avons une correspondance fondamentale avec les prétentions
de domination mondiale de l’Islam. Si les deux systèmes devaient
s’affronter dans un conflit final en tant qu’ennemis mortels, ce
serait le résultat logique de leurs absolutismes autant théocratiques
que „bouddhocratriques“.
- Les visions « bouddhocratiques » modernes concernant
l’ensemble de la planète et étant acceptées par le 14e
Dalaï-lama reposent sur le tantra du Kalachakra.
Voir à ce sujet le livre de Robert A. Thurmans
« La Révolution par l’Intérieur – Les Doctrines du Bouddhisme
ou le Bonheur Parfait » paru en 1999 dans lequel l’auteur
développe la théorie de l’univers bouddha (buddhaversum). En 1979, Thurman, considéré par le Time-Magazine comme
étant le “porte-parole du Dalaï-lama” aux USA, voyait dans un rêve le
“prince de l’église” tibétaine en tant que “dieu du temps” trônant au
sommet de l’hôtel Astoria Waldorf à New York pendant qu’“une légion
de notables – de maire, de sénateurs, de chefs d’entreprises et de
rois, de cheiks et de sultans, de célébrité et de stars”
tourbillonnaient autour de lui entraînés par 722 divinités
dansantes – du tantra du Kalachakra– comme
un essaim d’abeilles dans un énorme rayon de miel.”
- Dans les sphères secrètes des
étapes supérieures de l’initiation, le tantra du Kalachakra exige une soumission
inconditionnelle et illimitée à la volonté du gourou (dans ce cas, au
Dalaï-lama comme maître suprême du Kalachakra).
Le “moi conscient” et la personnalité de l’initié sont effacés
progressivement afin de transformer celui-ci en un vase humain rempli
en partie par des divinités guerrières et agressives tantriques et
autres êtres de nature bouddhiste. Dans le tantra du Kalachakra, on ne trouve donc ni
« l’ennoblissement », ni la « sublimation » ou
« l’intégration » de l’individu mais plutôt sa
« destruction » au profit d’un modèle religieux codifié.
- Dans les huit dernières étapes
secrètes de l’initiation au tantra du Kalachakra,
l’initié doit être transporté au-delà de la conscience du bien et du
mal à l’aide d’un entraînement mental et physique extrême. C’est
pourquoi le texte original encourage des actes criminels et violents
comme : tuer, mentir, voler, détruire des mariages, abuser de
l’alcool, avoir des relations sexuelles avec des jeunes filles de
classes inférieures. Comme dans tous les autres tantras, cela peut
être interprété aussi bien symboliquement que littéralement. Même le
14e Dalaï-lama légitime le meurtre perpétré par un adepte
du Kalachakra dans des circonstances
précises contre “une personne qui porte préjudice à la doctrine
bouddhiste” et qui se prépare à commettre des actes monstrueux et
sinistres. Il demande, cependant, que ce meurtre se fasse avec
“compassion” (Dalaï-lama – The Kalachakra
Tantra – Rite of initiation – London, 1985, pp. 348ss.). Cette
déclaration rompt avec l’interdiction absolue exprimée dans le
bouddhisme originel.
- Dans les plus hautes initiations
magiques, on emploie des “substances” dites “malpropres”. Le tantra du
Kalachakra recommande la dégustation de
viandes de diverses sortes d’animaux tabous. Même la chair humaine
(maha-mamsa) est employée comme substance
pour le rite. D’après les commentaires traditionnels du Kalachakra venant du grand maître tantrique et roi
du Shambhala, Pundarika,
cette viande humaine provient habituellement de personnes « étant
mortes au combat à cause de leur mauvais karma ou ayant été tuées
suite à des fautes personnelles » et il ajoute que la prise
de ces substances sous forme de pilules est recommandée. La chair
d’innocents tombés en martyr, tués par crainte lors d’un culte des
ancêtres, tués par envie (par l’appât du gain) ou pour un salaire est
entachée d’un “indescriptible péché” et ne peut être utilisée pour le
rite. “Mais si une partie tombe non intentionnellement dans
l’aumônier, ce n’est pas un péché indescriptible” – et peut, par
conséquent, être utilisée (In : John Ronald Newman – The outer wheel of time: Vajrayana buddhist cosmology in the Kalacakra
Tantra – Madison 1987, 266 s.).
- Le tantra du Kalachakra
possède de nombreuses facettes à caractère morbide. Enormément
d’objets utilisés lors des cérémonies rituelles proviennent de
personnes décédées (comme des récipients fabriqués à partir de crânes
humains, des trompettes en tibias, des chaînes en os). Déjà un coup
d’œil sur la grande Thangka Kalachakra (tapisserie) qui sera suspendue durant
toute la cérémonie au-dessus du trône du Dalaï-lama peut convaincre du
caractère furieux de ce rite. Le dieu du temps “Kalachakra”
et son épouse, la déesse du temps “Vishvamata”,
s’unissent debout dans l’acte sexuel et tiennent dans leurs 32 mains
un total de 24 objets de nature agressive, morbide et guerrière (épée,
hachoir, tambour et récipients fabriqués à partir de crânes humains,
une sorte de sceptre dont la pointe est garnie de trois têtes de mort,
etc.).
- Lors des étapes supérieures et
secrètes de l’initiation au tantra du Kalachakra,
des rites sexuels magiques ont lieu dont le but est de transformer la
“sexualité” en puissance temporelle et spirituelle. Les femmes,
réelles ou imaginaires (les deux sont possibles) représentent des
formes d’énergies précises dans lesquelles l’âge joue un rôle
prépondérant. Le rite commence avec des fillettes âgées de dix ans.
Jusqu’à leur vingtième année, les partenaires sexuelles représentent
des vertus positives. Au-delà, elles comptent comme porteuses
d’énergies de colère, de haine, etc. et comme femmes-démons. Dans les
étapes initiatiques 8 à 11 du tantra du Kalachakra,
l’expérimentation se fait avec une “seule” femme. Pour les étapes 12 à
15 appelées le Ganachakra, dix femmes
participent au rite aux côtés du maître. L’élève a le devoir d’offrir
les femmes comme “présent” à son lama. Les “laïcs” se
faisant initier doivent amener leurs parentes féminines (mère,
sœur(s), épouse, fille(s), tante(s) etc.). “Si l’élève n’offre pas
ses compagnes au maître dans le but de les protéger, le maître n’est
pas autorisé à pratiquer le rite”(cf. Mûlatantra
Kalachakra). En revanche, les moines
ayant reçus la consécration ainsi que les novices peuvent utiliser des
femmes de diverses castes qui ne sont pas leurs parentes. Dans le rite
secret lui-même, les participants font des expériences avec les
semences masculines et féminines (sperme et menstruation). Dans le tantra
du Kalachakra, les femmes ne sont pour
l’initié masculin que des donneuses d’énergies et leur rôle cesse à la
fin du rite (cf. Nâropâ – Iniziazione Kâlacakra
– Roma 1994).
- Le tantra du Kalachakra a un caractère particulièrement
agressif et destructif dans l’ère actuelle qui, d’après l’enseignement
du lamaïsme, se précipite vers son naufrage apocalyptique (Kali-Yuga). Il contient des rites spéciaux destinés à
accélérer la destruction du monde à l’aide d’actes symboliques et de
certaines méditations. “Qu’est-ce que le Kalachakrayana
(le ‘chemin du Kalachakra’) ? »
demanda l’Indien Shashi Bhusan Dasgupta, l’un des meilleurs spécialistes
tantriques ; Il répondit aussitôt à sa question par cette phrase
en disant long : “Le mot Kala
signifie ‘temps’, ‘mort’ et ‘destruction’. Kala-chakra
signifie roue de la destruction.”
Voici seulement quelques-uns des problèmes soulevés par les critiques
contre les tantras du kalachakra – et
contre le mythe du Shambhala. Ils
devraient suffire pour remettre en question le caractère humaniste,
tolérant, serein, libre et œcuménique étant encore mis en relation avec ce
rite. Un fait certain est que le mythe du Shambhala
pour autant devenu significatif au niveau historique et idéologique a
conduit à des comportements extrêmement agressifs, à des visions
mégalomanes, à des théories de conspiration et à des actes de terrorisme.
Mais surtout, ces textes exercent une fascination particulière sur les
groupes néonazies qui n’ont pas manqué de les exploiter.
- Au début des années 20 pendant
les guerres entre Russes blancs, bolchevistes et Mongoles, le mythe
du Shambhala fut lié à l’image du réveil
Dschinghis-Kahn. Dans ce conflit, les
Mongoles se sont identifiés aux “guerriers du Shambhala”.
Leurs actions militaires furent extrêmement sanglantes.
- Julius Evola,
le fasciste et philosophe italien de l’extrême droite, vis dans le royaume
mythique du Shambhala le centre
ésotérique d’une caste guerrière sacrée et crût y trouver le palais du
roi du monde ayant la croix gammée comme marque d’autorité. Il tenait
ce genre de discours devant le « SS-Ahnenerbe ».
- Dans la littérature occulte des
“mystères nazis”, certains “maîtres” du Shambhala
sont présentés comme des acteurs travaillant dans l’ombre à la
création “magique” du régime NS (national socialisme) (Trevor Ravenscroft, Louis Pauwels et Jacques Bergier).
- Pour l’idéologie SS clandestine
de l’après-guerre et dans le “mysticisme SS” des années 90, le royaume
mythique du Shambhala sert de refuge
à une “religion nazie” agressive et morbide (Wilhelm Landig, Jan van Helsing).
- Le mythe du Shambhala constitue la pièce maîtresse de
« l’hitlérisme ésotérique ». Il s’agit là d’une doctrine
occulte, mondialement répandue, du diplomate chilien Miguel Serrano et de l’Indienne Savitri
Devi (“prêtresse d’Hitler”).
- Le lama tibétain Chögyum Trungpa
(1940-1987) fonda en Occident grâce à son concept du combattant du Shambhala
les bases d'un "bouddhisme guerrier" potentiel tel qu'il est
connu dans de grandes zones de l'Asie de l'Est. Au lieu de vivre dans
des monastères, les Shambhala Warriors de Trungpa
vivent dans des camps militaires, ils ajoutent à leurs méditations des
parades militaires, le bol du mendiant a été remplacé par une arme et
la robe de moine par un uniforme militaire. Le maître lui-même ne se
déplace plus dans le style bouddhiste, avec une robe monastique jaune
et rouge, un bâton de promenade et des sandales, mais chevauche sur un
cheval blanc (en accord avec la prophétie apocalyptique du Tantra de Kalachakra) avec un bonnet pointu, une tunique et
de hautes bottes. Le blason de Shambhala
peut être vu sur la selle du cheval avec une photo du Trungpa martial.
- Le mythe du Shambhala constitua la base idéologique et
terroriste du gourou japonais de la fin des temps Shoko
Asahara. Ses visions apocalyptiques s’inspirèrent des enseignements du
tantra du Kalachakra. Il envisagea
d’accélérer les événements de l’avènement de la guerre du Shambhala et justifia de ce fait son attentat au
gaz sarin dans le métro de Tokyo. Asahara fut le premier chef de secte
a dirigé ses meurtres contre des personnes étrangères à son
organisation et ouvra ainsi la voie au terrorisme religieux
international qui est devenu aujourd’hui le thème numéro un de toute
la communauté mondiale.
Même si ces actes
fascistes et terroristes sont issus d’interprétations erronées du mythe du Shambhala, cela devrait être du devoir du 14e
Dalaï-lama et de ses adeptes de rendre public le rite du Kalachakra dans tous ces détails, de corriger les
déformations, les projections, les abus du rite et de se distancer
ouvertement des contenus posant problème ou même de les supprimer des
textes traditionnels. Au lieu de cela, on a pu observer dans le passé
plusieurs rencontres amicales entre le “prince de l’église” tibétaine et d’anciens
SS (Heinrich Harrer, Bruno Beger),
avec le fondateur de “l’hitlérisme ésotérique”, Miguel Serrano,
ainsi qu’avec le terroriste Shoko Asahara que le
Dalaï-lama a d’ailleurs, même après l’attentat de Tokyo, qualifié
« d’ami, quoique imparfait ». Ce n’est que plus tard qu’il
prendra ses distances par rapport à lui.

Le Dalaï-lama dirigeant
le rituel du Kalachakra
En effet, au
travers du charisme du Dalaï-lama, de ses démarches, de ses discours et de
ses écrits, apparemment politico-humanistes, s’opère une gigantesque
importation de la culture orientale en occident, le tout accepté sans
réflexion approfondie. Dans cette idéologie, on peut voir des courants
ayant servi de base à des fondamentalistes de divers camps et pouvant
encore servir comme tel dans le futur. Le leader bouddhiste interpelle
l’homme dans son profond besoin d’harmonie et de paix. Cependant la propre
histoire du lamaïsme, le contenu des tantras et la nature des rituels ainsi
que les conditions parmi les Tibétains en exil sont tout sauf paisibles et
harmonieux. Dans le tantra du Kalachakra,
certains passages appellent ouvertement à “la guerre de religion” et ont un
caractère intolérant et agressif. Le bouddhisme tibétain est un système
religieux archaïque reposant sur la magie et que les occidentaux n’ont pas
encore commencé à sonder, ni à expliquer. C’est aussi la raison pour
laquelle les mouvements d’extrême droite le trouvent tellement attrayant.
Des siècles durant, le système lamaïste a conduit à une injustice sociale
que tout citoyen attaché à la liberté est en devoir de rejeter. L’égalité
des sexes, la volonté de démocratie et la rencontre œcuménique sont des
notions étrangères au bouddhisme tantrique, même si, en apparence, le 14e
Dalaï-lama propage les idées contraires.
Comme réaction aux
événements du 11 septembre 2001, le journal ‘Der Spiegel’ a dénoncé
dans un article intitulé “Le fanatisme religieux : le retour au Moyen-Âge » le contenu agressif et le courant
fondamentaliste des trois religions monothéistes. Comme si souvent lors de
critiques culturelles, la religion bouddhiste est restée épargnée, à tort
étant donné que tous les thèmes critiqués dans l’article (la lutte contre
les incroyants et les dissidents, les guerres de religion, le délire des
armes, la vision de puissance théocratique, les prévisions apocalyptiques,
l’antiféminisme, etc.) se retrouvent dans le tantra du Kalachakra avec une force beaucoup plus puissante.
Le Forum Critique du Kalachakra (FCK)
réclame un grand débat culturel sur le tantra du Kalachakra
et sur le mythe du Shambhala. Le FCK
rassemble des informations, distribue des documents, réalise des
traductions.
© Victor & Victoria Trimondi
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